L'agence de notation Fitch dégrade la note de la France, qui passe de "AA-" à "A+", pointant ses finances publiques dégradées

"La chute du gouvernement lors d'un vote de confiance illustre la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure", a déclaré l'agence de notation dans un communiqué.
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Au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, la note de Fitch était attendue avec fébrilité. Vendredi 12 septembre, l'agence de notation américaine a dégradé la dette souveraine de la France, dont la note passe de "AA-", à "A+", avec perspective stable. "La chute du gouvernement lors d'un vote de confiance illustre la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure", a déclaré l'agence de notation dans un communiqué. "Cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d'ampleur", a-t-elle ajouté, estimant improbable de ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029, comme l'ambitionnait le gouvernement sortant.
Et pour cause, la France prévoit un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, bien au-dessus de la limite de 3% fixée par les règles budgétaires européennes. Sa dette dépasse ainsi désormais 3 300 milliards d'euros, soit presque 114% du PIB.
Or, c'est bien la qualité de crédit des Etats (soit leur capacité à rembourser leur dette) que classent les agences comme Fitch, Moody's et S&P Global : de AAA (la meilleure note) à D (défaut de paiement). Avec cette dégradation, la France perd ainsi son "double A", 13 ans après avoir perdu son "triple A", à l'époque par l'agence S&P, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Dans un message posté sur le réseau social X, le ministre de l'Economie démissionnaire, Eric Lombard, a "[pris] acte" de cette décision, "motivée par la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique, malgré la solidité de l’économie française."
Je prends acte de la décision de Fitch de changer la note de la France de AA- à A+, décision motivée par la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique, malgré la solidité de l’économie française.
Le nouveau Premier ministre a d’ores et déjà engagé la…
"Le nouveau Premier ministre a d’ores et déjà engagé la consultation des forces politiques représentées au Parlement, en vue d’adopter un budget pour la Nation et de poursuivre les efforts de rétablissement de nos finances publiques", a-t-il continué.
Cette dégradation intervient à un moment où les taux d'emprunt du pays ont déjà grimpé, les marchés financiers sanctionnant depuis plusieurs semaines l'impasse budgétaire du pays. De quoi conduire l'économiste Stéphanie Villers à relativiser les répercussions d'une dégradation modérée, vendredi, de la note de la France pour son économie : elle ne devrait pas emprunter à des taux (encore) plus élevés puisque les marchés se sont déjà ajustés, estimait-elle dans l'attente de l'annonce de Fitch. "Les marchés financiers ont déjà intégré l'instabilité politique, les taux de la dette sont en train de progresser, la dégradation de la note ne ferait que constater a posteriori ce que les marchés financiers ont déjà répercuté dans leurs cours", analysait-elle.
Mais pas question pour autant de minimiser la gravité du moment. "La situation financière du pays risque de se dégrader encore davantage sans budget voté et les agences de notation pourraient le sanctionner", anticipait déjà Stéphanie Villers. D'autant qu'après Fitch, la plus petite des agences de notation, Moody's se prononcera le 24 octobre et Standard & Poor's le 28 novembre.
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